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Oct 30, 2025

L'Assemblée nationale française vote pour dénoncer l'accord d'immigration franco-algérien de 1968

L'Assemblée nationale française vote pour dénoncer l'accord d'immigration franco-algérien de 1968
Dans un vote extrêmement serré, tard dans la soirée du 30 octobre, l’Assemblée nationale française a adopté—par 185 voix contre 184—une résolution non contraignante présentée par le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen, appelant le gouvernement à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968 qui accorde aux ressortissants algériens des droits préférentiels en matière d’immigration, de résidence et de travail en France.

Contexte
L’accord de 1968 permet aux Algériens d’obtenir des titres de séjour pluriannuels après seulement trois ans de séjour légal et les dispense des tests habituels du marché du travail français. Les gouvernements successifs ont critiqué ce traité sans jamais oser le supprimer, craignant des répercussions diplomatiques avec Alger et la perte de la coopération en matière de délivrance de visas et d’expulsions.

Déroulement du vote
Le RN d’extrême droite a profité de sa journée « niche parlementaire » pour imposer le débat. Vingt-six députés Les Républicains (LR), 17 centristes d’Horizons et deux députés LIOT ont rompu la discipline de leur groupe, offrant au RN sa première victoire législative sous la Ve République. Les députés Renaissance et MoDem se sont majoritairement abstenus ou étaient absents, provoquant une vive réaction à gauche, qui a dénoncé une « brèche historique » dans le cordon sanitaire républicain.

Conséquences économiques et migratoires
Bien que purement symbolique, cette résolution accroît la pression sur l’exécutif pour réviser ou mettre fin à ce traité. Si Paris décide finalement de le dénoncer, les quelque 900 000 citoyens algériens résidant en France — ainsi que des milliers de travailleurs transfrontaliers algériens — pourraient se voir imposer des catégories de visa plus strictes, des délais de traitement plus longs et des seuils de salaire plus élevés. Les multinationales employant des ingénieurs, spécialistes IT ou travailleurs saisonniers algériens doivent dès à présent envisager des plans de contingence pour leur main-d’œuvre.

Prochaines étapes
Seul l’Élysée peut retirer la France de ce traité. Cette décision entraînerait un préavis d’un an selon l’article 56 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Alger a déjà averti de « graves conséquences » sur la coopération consulaire si Paris passe à l’acte. On peut s’attendre à une intensification des négociations bilatérales et à d’éventuelles mesures de rétorsion à l’encontre des ressortissants français en Algérie.
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